Les problématiques que le colloque espère aborder peuvent se répartir entre les quatre rubriques suivantes :
1. Patrimoine industriel et politiques urbaines
L’ambition de cette première partie vise à mesurer la place accordée au traitement de ce qu’il est devenu usuel d’appeler « friches » industrielles dans le développement de projets urbanistiques de nombreuses métropoles françaises et étrangères. Affirmer leur identité en soulignant leurs propres spécificités, qu’elles soient historiques, industrielles, géographiques ou culturelles, est un des axes fort développé par les villes dans le cadre de leur renouvellement urbain : le patrimoine industriel peut y jouer un rôle essentiel, voire moteur. A travers des exemples de métropoles qui inventent ainsi de nouvelles formes d’urbanité, l’objectif est de dégager des tendances et des modèles d’organisation. Quel cheminement permet de passer de la réception d’un héritage, en l’occurrence industriel, à la construction d’un projet (site en mutation ; analyse historique ; consultation ; aménagement…), pour aboutir à l’invention d’espaces contribuant à l’émergence d’une nouvelle cohésion urbaine et sociale ?2. Le patrimoine industriel dans l’éco-restructuration urbaine : contrainte ou atout ?
Dans la logique du développement durable, le Conseil européen des Urbanistes plaide contre l’extension et la multiplication non raisonnée des quartiers. L’effort doit porter sur la cohérence de la composition urbaine, passant par une meilleure articulation des espaces ainsi que par la requalification des formes urbaines dégradées, comme peuvent l’incarner les sites industriels en déshérence. Dans cette logique d’aménagement territorial durable et pour répondre aux préoccupations sous-tendues par ce nouveau paradigme, les édifices industriels désaffectés peuvent-ils être un levier pour les aménageurs, comme pour les architectes ? La reconversion patrimoniale n’est-elle pas un moyen de maintenir ce lien entre le passé, le présent et le futur préconisé par la nouvelle Charte d’Athènes (2003) dont la visée principale est d’établir un nouveau modèle de développement, durable, des villes européennes ? A partir d’exemples précis, il s’agit de questionner ces pratiques.3. Regards critiques sur trente ans de reconversion
Logements sociaux, ateliers-logements, lofts, salles de spectacle, bibliothèques et médiathèques, dépôts d’archives, studios de tournage, lieux d’enseignement, galeries d’art, musées, « fabriques culturelles », pépinières d’entreprises, bureaux, magasins d’usine, commerces, cafés et restaurants… Depuis une trentaine d’années, les fonctions contemporaines qu’on a réussi à insérer dans des bâtiments conçus pour la production industrielle, mais délaissés par celle-ci, sont d’une immense diversité. Une analyse historique semble s’imposer. Quels secteurs du patrimoine industriel sont privilégiés par l’acte de reconversion, et quels secteurs y échappent ? Quels programmes paraissent les mieux appropriés pour pérenniser les qualités spatiales propres à ces lieux et pour porter des valeurs de témoignage ? Quel traitement réserve-t-on au patrimoine technique demeuré in situ ? Comment ont évolué les pratiques – et les acteurs – de la reconversion depuis une génération et comment « vieillissent » les opérations pionnières ? Chaque opération est-elle particulière ou des typologies peuvent-elles être discernées en amont, dans les bâtiments et sites conservés, et en aval, dans les programmes retenus ? Quelles sont les économies de la reconversion ? Quelle réception ces opérations ont-elles rencontrée ?4. Le sens des lieux dans les pratiques de reconversion
La reconversion des sites industriels délaissés de la production est moins – pour les « amis » du patrimoine industriel – un but en soi que le passage obligé pour leur sauvegarde. Mais que penser des maîtres d’ouvrage et maîtres d’oeuvre qui donnent une nouvelle vie à des lieux sans que leur histoire technique, économique ou encore sociale ait été suffisamment appréciée ? Le « génie » des lieux, leur « esprit », leur « caractère » semblent incorrectement interprétés quand ils ne sont pas perdus. Il s’agit donc ici d’interroger cette notion de sens, sûrement plurielle et non univoque. Quels sens des lieux, ressentis par qui et destinés à quels groupes ou catégories sociales ? Comment prendre en compte ces sens dans les pratiques de la reconversion et quelles formes d’interprétation et de restitution imaginer ?http://calenda.revues.org/nouvelle17789.html
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